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Réserves citoyennes, y'a-t-il vraiment du neuf ?

Marc Prodhon, directeur du collège de Wazemmes.

Malgré un engagement qui ne cesse de grandir de la part des volontaires, les établissements eux, ne ressentent pas le besoin pour l’heure, de recourir aux réservistes. Explications avec deux chefs d’établissements.

 

Marc Prodhon est le principal du collège de Wazemmes. Un collège qu’il qualifie « d’atypique », et de « sensible ». « Le moindre propos peut être mal interprété ou déformé ici, et très vite ça peut aboutir à un conflit avec les familles », explique-t-il. « Après le 7 janvier, c’était très tendu. Il faut trouver les mots justes. Avec un établissement à l’équilibre aussi instable, j’ai tendance à me méfier des interventions extérieurs », confie-t-il. Et quand on lui rappelle que ces bénévoles de la société civile sont formés et expérimentés, il raconte que « l’an dernier, les professeurs et moi même, avons eu une formation sur les grands principes de la laïcité. Certains sont mêmes engagés dans des milieux associatifs qui traitent d’éducation autour de valeurs ». Cet engagement, le corps éducatif s’efforce de l’appliquer au quotidien : « à chaque fois que nous recevons des familles, on reprend la charte de la laïcité, et on en cite des exemples. On fait toujours en sorte de se raccrocher à ça pour étayer nos propos ». « Le 13 novembre, on a parfaitement géré la situation. L’accompagnement et les relais se sont très bien faits », rassure Mr. Prodhon. Les interventions passent alors « au second plan de la préoccupation des collèges. » Et ce pour une raison toute simple, les collèges ne sont pas en manque de réformes en ce moment. Le réseau REP+, la réforme du collège, les plans de formation, tant de mesures qui sont au cœur du débat, et qui nécessitent un temps de préparation, et d’adaptation. Donc ces réserves citoyennes, « c’est un trop-plein », lance le chef d’établissement, avant de conclure « si mes collègues se sentent en réelle difficulté, et qu’ils me font part d’un besoin pourquoi pas, mais pour l’instant ce n’est pas d’actualité. »

 

« Laïcité, république… On ne fait que ça »

 

Au collège Boris-Vian à Fives, le discours est tout aussi clair. « Trop d’infos tue l’info », lance Axel Raix, le principal du collège, joint au téléphone. « On nous demande de communiquer sur tellement de choses. On est dans une année de préparation de la réforme du collège qui mobilise une grosse partie de notre engagement. Les choses les plus pressantes sont faites, les autres viennent après ». Au delà de ce surplus de réformes, Mr. Raix assure aussi que dans son collège, il y a suffisamment de ressources pour ne pas avoir besoin de faire appel aux réservistes. « On travaille avec des associations depuis des années dans le cadre de partenariats divers. Laïcité, république… On ne fait que ça ». La réserve citoyenne inutile alors ? « Non » répond-t-il. « Dans des zones moins riches en partenariat ou en personnel, comme les établissements ruraux cela pourrait être intéressant, mais il ne faut pas appliquer ça à tout un département. » Et comme à Wazemmes, la crainte d’un discours définitif qui pourrait venir entaché un travail de long haleine laisse perplexe: « On ne s’improvise pas intervenant dans un établissement scolaire comme ça. Ca ne se plaque pas ce genre de choses. Il faut que les établissements qui font appel aux réservistes préparent avec eux les interventions, la pédagogie c’est aussi un métier ». Des établissements déjà « équipés », des réformes qui s’accumulent… La réserve citoyenne pas assez mûrie, ne deviendrait-elle pas à long terme, une simple mesure parmi tant d’autres ?

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