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« Le local et le bouche-à-oreille joueront beaucoup »

Françoise Blondeel
Françoise Blondeel, inspectrice pédagogique régionale pour le Rectorat de Lille et coordinatrice réserve citoyenne.

D’ordinaire, Françoise Blondeel est inspectrice pédagogique régionale pour le Rectorat de Lille. Mais depuis avril 2015, c’est elle qui reçoit les candidatures de réservistes et est en charge de leur mise en relation avec les établissements scolaires.

 

 - Qui sont les réservistes de la région Nord-Pas-De-Calais-Picardie ?

 

Selon nos dernières estimations, 183 candidats ont été approuvés, et ils viennent de milieux socio-professionnels très différents. Une majeure partie d’entre eux sont actuellement à la retraite (37%), mais contrairement à ce qui a pu être dit, les anciens enseignants ne forment pas l’essentiel de nos réservistes. Il y a aussi beaucoup d’anciens chefs d’entreprises ou  cadres. 60% d’entre eux sont des hommes, 40% des femmes. Les ¾ sont déjà intervenus dans des écoles.

 

 - Peut-on parler de « recrutement » des réservistes ?

 

La candidature est ouverte à tous, en s’inscrivant sur un portail web dédié (www.lareservecitoyenne.fr). En fonction de votre zone géographique vous êtes redirigés vers une académie qui traite votre dossier. Dans mon académie, j’ai observé les dossiers avec un groupe de travail, constitué de professionnels du premier et second degré en histoire-géographie. Des recherches internet sont effectuées sur les individus et leur casier judiciaire est requis. Les profils de bénévoles dans des associations sont valorisés, 60% de nos réservistes sont membres d’une association.

 

 - Mais pour intervenir, les volontaires doivent suivre un programme défini par l’Education Nationale ?

 

Effectivement, ils sont invités à  indiquer leurs compétences dans des domaines balisés : mémoire, droit, éducation aux médias et réseaux sociaux, valeurs de la République, lutte contre le harcèlement, monde professionnel ou encore sur le développement durable.  

 

 - Et toutes ses disciplines sont comblées ?

 

Les attentats ont fait leur effet, beaucoup de personnes veulent parler de la laïcité dans les classes. Les relations avec le monde l’entreprise viennent en seconde position (32%), ensuite les mémoires (23%), puis l’actualité (22%). Dans chaque catégorie les taux de participants sont équilibrés, sauf dans la discipline de la lutte contre le harcèlement, parce qu’elle a été créée après la première journée contre le harcèlement en novembre 2015.   

 

 - Il arrive que des enseignants se plaignent de ne pas pouvoir aborder des sujets sensibles en classe, comme la religion, le réserviste reçoit-il une formation pédagogique ?

 

Nous avons regroupé les volontaires fin septembre, où un point sur la laïcité et la neutralité a été fait. Mais les interventions extérieures sont calibrées de manière à répondre au projet de l’enseignant qui en a fait la demande. Les réservistes sont là pour apporter une expérience, pas un cours magistral.

  

 - Depuis septembre 2015, il n’y a eu que quatre interventions de réservistes sur la région. Le dialogue avec les établissements scolaires est-il rompu sur ce sujet ?

 

Face à la nouveauté il y a toujours des réticences et de l’interrogation. Certains établissements nous ont indiqué qu’ils disposaient déjà de partenaires. Pourtant il y a des réservistes journalistes et avocats, avec qui l’Education Nationale ne collabore pas d’habitude. Je pense que le local et le bouche-à-oreille joueront beaucoup pour que les choses s’accélèrent. Les chefs d’établissements disposent de toutes les informations et profils de réservistes. Avec les inspecteurs, ils sont sensés relayer auprès de l’équipe pédagogique. Des mails qui n’ont pas interpellé des enseignants, qui n’ont peut-être pour l’instant pas de besoin en la matière. Les raisons de ces lenteurs sont multiples.  

  

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